
Sommaire :
Introduction
L’hépatite B est l’une des infections virales les plus répandues au monde et un enjeu majeur de santé publique. Près de 300 millions de personnes vivent avec une infection chronique par le virus de l’hépatite B (VHB). Chaque année, les complications hépatiques telles que la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire causent de nombreux décès.
Cette infection a une double facette : certaines personnes sont porteuses sans symptômes pendant des années, tandis que d’autres développent des formes actives qui peuvent endommager progressivement le foie. Contrairement à l’hépatite A, toujours aiguë, le VHB peut persister et devenir chronique. Heureusement, grâce à la vaccination, au dépistage et aux traitements antiviraux modernes, on peut vivre normalement avec le virus et réduire considérablement le risque de complications.
Dans cet article, vous trouverez une explication claire de ce qu’est l’hépatite B, des modes de transmission, des phases et des symptômes, des examens de diagnostic, des options de traitement, ainsi que de la prévention et des conseils de vie pratique.
1. Qu’est-ce que l’hépatite B ?
L’hépatite B est une infection causée par le virus de l’hépatite B (VHB), un virus à ADN de la famille des Hepadnaviridae. Il cible principalement le foie, organe essentiel chargé de filtrer les toxines, de stocker l’énergie, de produire la bile et des protéines vitales.
Le VHB peut intégrer son matériel génétique dans les cellules hépatiques (hépatocytes). Cette capacité explique la difficulté à éliminer totalement le virus et la possibilité d’une infection chronique.
Infection aiguë et infection chronique
- Infection aiguë : phase initiale (jusqu’à 6 mois après la contamination), parfois symptomatique, souvent silencieuse. Chez l’adulte, la guérison spontanée est fréquente.
- Infection chronique : virus présent depuis plus de 6 mois. Elle peut durer toute la vie et exposer à des complications si elle n’est pas suivie.
Différences avec d’autres hépatites
- Hépatite A : transmise par l’alimentation/eau, aiguë uniquement, guérit toujours.
- Hépatite C : souvent chronique mais aujourd’hui curable avec des antiviraux à action directe.
- Hépatite D : ne survient que chez les personnes déjà infectées par le VHB.
- Hépatite E : proche de l’hépatite A, surtout liée à l’eau/aliments contaminés.
2. Modes de transmission
Le VHB est très infectieux et se transmet par le sang et certains fluides corporels. Connaître les voies de transmission permet d’adopter les bons gestes de prévention.
Transmission par le sang
- Partage de seringues ou d’aiguilles, matériel non stérile (tatouages, piercings).
- Transfusions sanguines non sécurisées (devenues rares avec le dépistage).
- Contact avec des objets souillés (rasoirs, coupe-ongles, matériel médical).
Transmission sexuelle
Le virus est présent dans le sperme et les sécrétions vaginales. Les rapports non protégés augmentent le risque. L’usage du préservatif est recommandé si le partenaire n’est pas vacciné.
Transmission de la mère à l’enfant
Elle survient principalement lors de l’accouchement. Sans prévention, l’enfant a un risque élevé de devenir porteur chronique. La prophylaxie néonatale (vaccin + immunoglobulines spécifiques) réduit fortement ce risque.
Objets du quotidien
Le partage de brosses à dents, rasoirs, coupe-ongles, ou les blessures accidentelles avec un objet contaminé peuvent transmettre le virus.
Ce qui ne transmet pas
- Poignées de main, câlins, bises.
- Partage d’un repas.
- Toux, éternuements (pas de transmission aérienne).
3. Phases de l’infection
Infection aiguë (0–6 mois)
Après la contamination, la phase aiguë peut être asymptomatique ou marquée par des signes (voir section 4). Chez l’adulte, 90–95 % guérissent spontanément. Chez le nourrisson, environ 90 % évoluent vers la chronicité en l’absence de prévention.
Hépatite B chronique
- Portage inactif : charge virale faible (souvent < 2 000 UI/ml), transaminases normales, pas de traitement, surveillance régulière.
- Phase immuno-active : charge virale élevée, transaminases augmentées, inflammation et fibrose possibles → traitement généralement indiqué.
- HBeAg négatif avec réplication : virus actif malgré l’absence d’antigène e → suivi attentif.
Guérison fonctionnelle
Perte de l’antigène HBs et apparition des anticorps anti-HBs : contrôle complet du virus (rare mais possible au fil des années).
Complications possibles
- Fibrose (cicatrices du foie).
- Cirrhose (atteinte sévère, irréversible).
- Cancer du foie (carcinome hépatocellulaire).
4. Symptômes
L’hépatite B est souvent silencieuse. Beaucoup de personnes découvrent leur statut lors d’analyses de routine. Les symptômes varient selon la phase.
Phase aiguë
- Fatigue marquée, fièvre modérée.
- Nausées, vomissements, perte d’appétit.
- Douleurs abdominales (côté droit sous les côtes).
- Urines foncées, selles décolorées.
- Jaunisse (ictère) de la peau et des yeux.
Dans de rares cas, l’hépatite fulminante survient et constitue une urgence vitale.
Phase chronique
- Le plus souvent : peu de symptômes (fatigue, gêne hépatique).
- Si atteinte avancée : ascite, œdèmes, démangeaisons, angiomes stellaires, amaigrissement.
5. Diagnostic et examens
Sérologie de l’hépatite B
- HBsAg : positif = infection en cours (aiguë ou chronique). Si positif > 6 mois : chronique.
- Anti-HBs : positif = immunité (après vaccin ou guérison).
- HBeAg : positif = forte réplication virale.
- Anti-HBe : signe souvent d’une activité virale moindre.
- Anti-HBc : témoigne d’un contact (ancien ou actuel) avec le virus.
Charge virale (ADN VHB)
Mesure la quantité de virus (UI/ml). Indispensable pour décider du traitement et suivre son efficacité.
Bilan hépatique
- ALAT (GPT), ASAT (GOT), Gamma GT, PAL.
- Transaminases élevées : signe que le foie souffre.
Imagerie et évaluation de la fibrose
- Échographie abdominale (surveillance, masses).
- Fibroscan (élastographie) pour mesurer la fibrose.
- IRM/Scanner si suspicion de complications.
Biopsie hépatique (plus rare)
Réservée à des cas spécifiques, elle évalue précisément l’inflammation et la fibrose. Le fibroscan a réduit son utilisation.
6. Traitement et prise en charge
Il n’existe pas, à ce jour, de traitement qui éradique totalement le VHB. L’objectif est de contrôler la réplication virale, protéger le foie et prévenir les complications.
Quand débuter un traitement ?
- Charge virale (ADN) élevée et persistante.
- Transaminases durablement au-dessus de la normale.
- Signes de fibrose/cirrhose au fibroscan ou à l’échographie.
- Facteurs de risque : âge, antécédents familiaux de cancer du foie, co-infections (VIH, VHC, VHD).
Si la charge virale est faible et le foie sain, une surveillance régulière suffit souvent, sans traitement immédiat.
Antiviraux oraux
- Ténofovir (Viread, Vemlidy).
- Entécavir (Baraclude).
Ils se prennent quotidiennement, sont bien tolérés et, le plus souvent, au long cours. Ils n’éliminent pas le virus, mais le contrôlent (charge virale parfois indétectable).
Objectifs du traitement
- Réduire la charge virale et normaliser les transaminases.
- Stopper ou ralentir la fibrose.
- Prévenir la cirrhose et le cancer du foie.
Situations particulières
- Grossesse : ténofovir en fin de grossesse si charge virale maternelle très élevée.
- Cirrhose : traitement quasi systématique.
- Co-infections : prise en charge spécialisée.
Suivi médical
- Analyses (transaminases, ADN VHB) tous les 6–12 mois selon le profil.
- Échographie régulière (dépistage précoce d’un CHC, surtout en cas de cirrhose).
- Consultations avec un gastro-entérologue/hépatologue.
7. Prévention et vaccination
La vaccination contre l’hépatite B est très efficace (protection > 90 %). Elle constitue la base de la prévention, associée à des mesures de réduction du risque.
Schémas vaccinaux
- Nourrissons : 3 doses (par ex. : 2, 4 et 11 mois selon les pays).
- Adolescents/adultes non vaccinés : 0, 1, 6 mois (schéma accéléré possible : 0, 1, 2 mois + rappel à 12 mois).
- Contrôle de l’immunité : anti-HBs ≥ 10 UI/L = protégé.
Réduction du risque
- Utiliser des préservatifs si le partenaire n’est pas vacciné.
- Ne pas partager rasoirs, brosses à dents, coupe-ongles.
- Utiliser du matériel stérile pour soins, tatouages, piercings, injections.
- Porter des gants en cas de contact sanguin.
Prévention mère-enfant
- Dépistage systématique pendant la grossesse.
- Pour le nouveau-né de mère porteuse : vaccin + immunoglobulines spécifiques (HBIG) dans les 24 heures suivant la naissance (risque de transmission < 5 %).
Publics à vacciner en priorité
- Professionnels de santé.
- Patients dialysés ou recevant des transfusions fréquentes.
- Entourage de porteurs chroniques du VHB.
- Voyageurs en zones de forte endémie.
8. Hygiène de vie et conseils pratiques
Éviter l’alcool
L’alcool est le principal facteur qui accélère la fibrose et la cirrhose chez les porteurs du VHB. La recommandation est d’éviter totalement l’alcool.
Prudence avec les médicaments
Certains médicaments peuvent être hépatotoxiques (surdosage en paracétamol, certains antibiotiques/antifongiques). Éviter l’automédication et informer le médecin et le pharmacien de son statut VHB.
Alimentation équilibrée
- Favoriser fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes, poissons, viandes maigres, huiles végétales.
- Limiter graisses saturées, fritures, sucres raffinés.
- Maintenir un poids sain pour prévenir la stéatose (foie gras).
Activité physique régulière
Au moins 30 minutes d’activité modérée (marche rapide, vélo, natation) 5 jours/semaine. Le sport protège le foie et aide à contrôler le poids.
Protection de l’entourage
- Rapports protégés si le partenaire n’est pas vacciné.
- Pas de partage d’objets coupants.
- Encourager la vaccination des proches.
9. Hépatite B et grossesse
Risque principal
La transmission mère-enfant à la naissance est le principal risque. Sans prévention, l’enfant a un risque élevé de devenir porteur chronique.
Dépistage et prévention
- Dépistage systématique pendant la grossesse.
- Prophylaxie néonatale : vaccin + HBIG dans les 24 heures.
Traitement pendant la grossesse
Si la charge virale maternelle est très élevée, un traitement par ténofovir peut être proposé au 3e trimestre pour réduire encore le risque de transmission.
Allaitement
L’allaitement est possible si le nouveau-né a reçu la prophylaxie à la naissance (vaccin + HBIG).
10. Pronostic et complications
Pronostic global
Grâce à la vaccination, au suivi médical et aux antiviraux, le pronostic de l’hépatite B s’est nettement amélioré. Beaucoup de personnes restent en phase inactive toute leur vie avec une hygiène de vie adaptée et une surveillance régulière.
Complications possibles si non suivi
- Fibrose puis cirrhose.
- Cancer du foie (carcinome hépatocellulaire), surtout en cas de cirrhose ou d’activité virale prolongée.
Facteurs aggravants
- Consommation d’alcool.
- Co-infections (VIH, VHC, VHD).
- Antécédents familiaux de cancer du foie.
- Absence de suivi médical régulier.
Conclusion
L’hépatite B est une infection silencieuse mais gérable. Le dépistage, la vaccination et les antiviraux permettent de la contrôler et de protéger le foie. Une hygiène de vie adaptée et un suivi régulier restent essentiels pour éviter les complications.
Message clé : faites-vous dépister, vaccinez-vous et encouragez vos proches à se vacciner. Plus tôt l’infection est détectée, plus la prise en charge est simple et efficace.
Ce contenu est informatif et ne remplace pas une consultation médicale. En cas de HBsAg positif, consultez un spécialiste du foie et suivez un contrôle régulier.
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